dormir

DORMIR. v. n. Reposer, estre dans le sommeil. Dormir de bon somme. dormir d'un profond sommeil,

dormir le jour, la nuit, ou de jour, de nuit. il dort profondément.

On dit, Dormir sur jour. dormir la grasse matinée, pour dire, Ne se lever que bien tard.

On dit fig. quand on veut penser à quelque affaire pour prendre son parti, qu'Il faut dormir dessus.

Il se met activement dans cette phrase, Dormir un bon somme.

On dit prov. & fig. Qui dort disne, pour dire, que Le sommeil tient lieu de nourriture.

Dormir, signifie figur. Agir negligemment, laisser perdre ses droits faute d'agir.

On dit prov. qu'Homere dormoit quelquefois, pour dire, qu'Il y a quelques endroits negligez dans ses ouvrages.

On dit en matiere feodale, que Quand le vassal dort, le Seigneur veille, & que le vassal veille quand le Seigneur dort, pour dire, que Quand l'un des deux neglige de faire ce qu'il doit, l'autre en profite.

On dit fig. qu'Un homme ne dort pas, pour dire, que Non seulement il ne neglige pas ses interests, mais aussi qu'il cherche à se prevaloir de toutes les occasions de profiter.

On dit prov. & fig. qu'Il ne faut pas réveiller le chat qui dort, pour signifier, qu'Il ne faut pas renouveller une meschante affaire qui paroist estre assoupie.

On dit des Discours ennuyeux, & qui ne meritent point d'attention, que Ce sont des contes à dormir debout.

Les enfants disent, que Leur toupie, que leur sabot dort, Lors que la toupie, que le sabot tourne d'un mouvement imperceptible.

On dit prov. & fig. Dormir comme un sabot, pour dire, Dormir profondément, & sans aucun mouvement.

Dormir, se dit fig. Des eaux qui n'ont point de mouvement, ou dont le mouvement est imperceptible. Il fait bon pescher aux endroits où l'eau dort.

On dit, en parlant d'Un homme à qui quelque bonne fortune arrive quand il y pense le moins, que Les biens luy viennent en dormant.

Dictionnaire de l'Académie française . 1964.